Rencontre avec Philippe Raulin, réalisateur du long métrage “À La Racine”.
Qui es-tu ?
Parallèlement à mon début de carrière dans l’audiovisuel (réalisateur de making of, chef monteur, assistant de production), ma quête spirituelle et ma sensibilité écologique ont lentement convergé jusqu’à se rencontrer en 2018, lors d’une soirée qui posa les bases d’À la Racine. Ma prise de conscience écologique s’est développé à travers des stages de permaculture, des rencontres et des documentaires (je pense notamment à l’excellent Solutions locales pour un désordre global), et mon chemin intérieur a lui aussi mûri à travers des lectures et des initiations (le Pouvoir du moment présent, des retraites de méditation Vipassana). Et puis un soir de 2018, j’ai donc vécu une crise d’écoanxiété qui s’est révélé être la rencontre de ces deux univers, une soirée où j’ai ressenti dans mes tripes la gravité de la situation écologique et où j’ai réalisé que ce drame était la conséquence d’une crise existentielle collective.
À La Racine, c’est quoi ?
Ce moment éprouvant décrit ci-dessus a fini par prendre les allures d’un appel intérieur qui m’invitait à répondre à cette question : C’est quoi les racines de la crise écologique ?
Depuis lors, je travaille sur le documentaire À la Racine, pas d’écologie extérieure sans écologie intérieure, qui explore cette question des causes profondes de la crise écologique à travers des sages et des communautés écospirituelles. La particularité de ce documentaire, c’est qu’il est pionnier dans l’exploration du dialogue entre l’écologie et la spiritualité; un dialogue qui s’avère très fécond car le grand défi de la crise écologique est né de notre manière de nous représenter le monde comme un gisement de ressource, et que seul une démarche d’introspection pourra nous aider à collectivement retrouver la conscience de l’unité du vivant en nous et autour de nous. Autrement dit, à renouer avec le sens du sacré. J’espère à travers ce film contribuer à la prise de conscience que la transition écologique ne pourra s’opérer sereinement que si les humains de cette planète vivent collectivement une “transition intérieure”, car le monde actuel n’est finalement que la manifestation de nos croyances et blessures collectives.
Pourquoi une campagne Ulule ?
Pour deux raisons : tout d’abord pour une raison financière. Ce film est auto-produit, et après 1 an de tournage, nous n’avions reçu aucune aide. Il s’agissait donc de pouvoir récolter les fonds qui allait nous permettre d’aller au bout de ce projet. La deuxième raison, c’était pour communiquer autour du film. En effet, le financement participatif représente une incroyable opportunité de se faire connaître, et c’est bel et bien ce qui nous est arrivé en réussissant à fédérer autour de nous un vaste réseau de militants écologistes conscients (ou curieux) de l’enjeu intérieur de la crise actuelle. Nous espérions même surfer sur le succès de cette campagne pour convaincre de potentiels diffuseurs, et tout se déroule en ce sens, puisque nous avons été contacté par des professionnels depuis.
Que retiens-tu de cette expérience ?
Une campagne, c’est un moment d’effervescence très stressant et énergivore, qui demande une pleine disponibilité et beaucoup de préparation. J’ai vécu en amont et durant ces 30 jours des moments très intenses, et ça a clairement marqué un avant et un après dans la production de mon documentaire. Je l’ai vécu comme un fulgurant passage d’un projet personnel qui devient public ; c’est magique et accessible à tous.
Ton avis sur mon accompagnement ?
Un conseil pour ceux qui souhaitent lancer une campagne ?
Il ne faut vraiment pas sous-estimer la quantité de travail que ça représente. Une campagne de financement participatif, c’est un véritable projet dans le projet ! Je conseille donc chaleureusement de bien s’y former, de mettre le paquet sur la préparation, de savoir s’entourer, et d’y mettre tout son coeur bien sûr. Bon flow à vous !